dimanche 4 juin 2017

Parler pour ne pas avoir à se taire

Il s'est passé quelque choseavec mes parents, l'autre jour. En rentrant, je n'ai pas évoqué le sujet. À personne.
J'ai dit que je voulais pas parler de ma journée. Penser et parler de choses positives.

J'espère encore quelque chose de cette famille donc je finis juste par taire ce que j'en penses. Ce que je ressens.

Parce que j'ai pas le droit de dire que 2 ans après mon coming out, c'est insupportable et pas correct que je sois encore obligée de les reprendre moi même sur mon nom, mes accords parce qu'iels font très peu l'effort de s'entraîner quand je ne suis pas là, sur le fait de pas me genrer avec mon morinom quand on parle de moi au passé.

Je n'ai pas le droit de dire que après 2 ans, «C'est difficile pour nous», ce n'est pas une excuse.
Pas dire que certains des parents de mes potes ont réussi en quelques mois alors que eux sont pas foutu'es de le faire seul'es après deux ans, parce que «chacun est différent.

Je ne peux tellement pas dire que la seule façon dont iels ont compris qu'il fallait faire des efforts, c'est parce que l'autre jour, j'ai hurlé de colère et je me suis effondrée en larmes devant eux.

Ma mère a dit texto que si c'était le prix à payer pour que je vienne à la maison de temps en temps, elle allait faire l'effort. Parce que c'est un prix à payer, apparemment.

J'ai pas souvenir d'avoir jamais pu obtenir ce dont j'avais besoin de leur part sans avoir à passer par du drama. Discuter n'est pas efficace, ça a jamais marché. Faut toujours essayer de comprendre, de me mettre à leur place, d'apprécier le peu d'efforts déjà fournis. Pas le droit de dire que c'est pas assez, ça serait injuste.

J'ai jamais rien obtenu en parlant. Toujours des cris et des larmes. Jamais par le calme de discussions. Et après chaque minuscule victoire, je sais qu'il va falloir recommencer. Cris, larmes, sinon rien.

Il est 4h du matin, j'écris ça ici parce que je viens de réaliser que si je n'en parle pas du tout, je risque de ne pas en parler les fois suivantes, ni celles d'après. Que ce que eux n'acceptent pas que je dise devant eux, je risque de ne plus le dire nulle part et à personne.

mardi 28 mars 2017

La Repression justifiée comme du soin


CW : Violence institutionnelle psy, violence physique (c'est très violent, attention)



J'ai passé une bonne partie de ma vie dans les milieux psy.

J'avais pensé à faire un texte entier relatant et expliquant ma période en résidence thérapeutique et ce qui avait suivi mais ça aurait été beaucoup trop long et flou...


Finalement, j'ai décidé d'évoquer juste l'hospitalisation sous contrainte et ce qui s'est passé après.

    Je vais passer très rapidement sur le mois qui a suivi le départ de la résidence pour poser le contexte.
Après avoir quitté la résidence j'ai été hébergée par plusieurs personnes avant de devoir trouvé très rapidement un appartement miteux en sous location alors que j'étais en hypomanie sans aucun budget pour le déménagement par mes parents, et un versement de 60 euros par semaines (le par semaine, ça veut dire qu'on peut rien prévoir, ni anticiper), ajouté à ça que mes parents m'empêchaient de trouver d'autres solutions (en demandant une aide financière au reste de la famille par exemple) et que je devais me battre avec eux, ne serait ce que pour pouvoir m'acheter un matelas et m’interdisaient d'arrêter mes études et vous comprenez pourquoi j'ai vidé l'intégralité de mon compte en banque en 2 semaines et me suis retrouvée complètement déshydratée et épuisée.

J'avais tentée de chercher à être acceptée en maisons de repos mais à chaque fois, c'était plusieurs mois d'attente. je m'étais renseignée pour le CAVS et me renseignait constamment sur l'avancement de mon dossier pour l'AAH et la RQTH, mais va faire des démarches administratives quand t'as du mal à te faire à manger tellement t'es épuisée.

 Au bout, d'un moment, à bout et mes parents refusant catégoriquement que je puisse revenir à la maison, j'ai fini par céder à l'idée de demander de l'aide au urgences psy que ma mère me suppliait de faire plutôt que d'accepter que je revienne.

J'y allais accompagnée de l'assistante sociale et de l'infirmière scolaire du lycée. Une fois dans la salle d'attente, déjà, je repère qu'il n'y a absolument rien, aucun magazine pour pouvoir patienter. Je sais, ça a l'air de rien, comme ça, mais ma réflexion, à ce moment précis, je me suis dit que si y avait même pas ça comme attention, ça donnait pas beaucoup d'espoir pour le reste.

je commençais à me sentir mal, j'avais lu des articles sur des hospitalisations sous contrainte et ça commençais à m'angoisser beaucoup. j'ai voulu sortir un peu pour prendre l'air mais la porte était fermée, une infirmière m'avais dit que je devais attendre de voir l'interne. Je commençais à angoisser de plus en plus.

Arrive l’entretien avec l'interne, je raconte ma situation, mais comme je suis angoissée, je parle très vite et manque de prudence dans mes propos puisque j'évoque avec colère les abus subis dans la résidence (j'oublie alors que toute critique de l’institution psychiatrique est un délire paranoïaque pour les équipes psy, mais je supposais à tort que  le fait que ce soit une structure différente jouerais en faveur de la vérité).
l'interne ne m'écoute pas réellement, m’interromps régulièrement avec ses questions sans me donner le temps de pouvoir développer et prenant des notes (j'ai appris depuis que les entretiens sont prévus pour durer 18 à 21 minutes pour gagner du temps, ce qui rends délicat d'expliquer sa situation).
j'évoque ce dont j'ai besoin, une structure qui me permettes de conserver mon autonomie (logique, hein, vu que j'en ai été complètement privée précédemment) ou si pas possible, une aide à domicile pour m'alléger du travail quotidien que je ne suis plus capable d'assumer seule actuellement. Une solution sociale à ma situation ultra précaire, en somme. L'interne me regarde avec un air désapprobateur, je le sens vraiment pas.
De retour dans la salle d'attente, je sens vraiment que ça sens pas bon pour moi du tout, je dis clairement à l'assistante sociale et l'infirmière scolaire que je sais qu'il vont décider de m'interner sous contrainte. elles essaient de me rassurer en me disant que non, mais moi, je sais déjà.

Retour de l'interne, dans le bureau devant l'infirmière et l'AS, il me dit qu'il vont me garder sous observation plusieurs jours et que j'ai le choix entre une hospitalisation "libre" et une hospitalisation sous contrainte (tu parles d'un choix). je me tourne vers l'infirmière et l'AS : "Vous voyez ? je vous l'avais dit !".

Je boue intérieurement, je suis en colère de m'être fait piégée. je ne veux pas de l'hospitalisation, ni libre, ni sous contrainte. je sais par ailleurs qu'une hospitalisation libre ne l'est jamais vraiment puisqu'il faut une autorisation de sortie et qu’elle peut devenir à tout moment une hospitalisation sous contrainte.

Je demande à l'infirmière et l'As de rester là, je pense que si elles s'interposent, j'ai une chance de pouvoir échapper à l'hospitalisation. c'est sans compter sur la lâcheté des intervenants qui commencent à s'éloigner vers la sortie en me disant qu'il faut que j'accepte de me faire aider. Je crie en colère "Quelle aide ?".

Je sens le piège se refermer sur moi. Je ne veux pas être internée. je ne veux pas. Dans un élan, je fonce vers la porte qui s'ouvre pour m'échapper. Top tard. Au moins 4 infirmiers m'attrapent  et me serrent. là,; j'ai compris, c'est fini. Ils m'ont eue. Je relâche mes muscles et leur dit qu'ils me font mal, ils ne relâchent pas leur étreinte.

je suis emmenée à une chambre d'isolement. Je commence à être sanglée à un lit me" disant que ce n('est pas possible que ça m'arrive, que je dois être en train de rêver, que je vais me réveiller. Je crois le regard d'un infirmier qui me sangle. Je vois toute la colère, le mépris et la froideur que le personnel hospitalier semble vouer à mes camarades malades mentaux. l'infirmier approche un gobelet de tercian pour me "calmer".
Je proteste un peu : "C'est bon, détachez moi au moins une main, que je puisse le prendre moi même.". Visiblement, même ça, c'est encore trop demander.

L'interne me dis que forcément si je venais aux urgences psy, je m'attendais à ça et que je l'ai voulu (aaah, les merveilles de l'inconscient, justifications pour tout acte pris sans consentement. Je dis que c'est la première fois que j'ai l'impression d'$être réellement traitée comme un chien, il me dit que c'est mon ressenti.

je reste seule dans la chambre d’isolement, incapable de bouger mes membres. une heure ? Deux heures ? Trois heures ? je ne sais absolument pas combien de temps je passe sanglée au lit. je perds complètement la notion du temps. mes lectures d'articles écrits par des gens ayant vécu l'hospit  me permettent de savoir déjà ce qu'il faut que je fasse. Toute résistance est inutile. Le but de me sangler à un lit ne peut clairement pas être thérapeutique, c'est un moyen de briser mes dernières velléités de résistance. Je sais très bien qe hurler ne sers à rien, je veux sortir, donc je me tais, me fais la plus discrète possible pour espérer sortir. je prie juste pour ne pas avoir envie de pisser quand j'y suis, parce que la situation imposerait que sois je crie (ce qui m'expose à des sanctions), soit que je me pisse dessus (ce qui m'y expose aussi).

On  viens me libérer, je décide de jouer le rôle de la patiente docile qui est attendue dans ce type d'établissement. Tout pour pouvoir sortir.
l'hopitâl est très mal entretenu. la baignoire accumule une couche de crasse et dans la salle commune, je peux voir une part de plâtre du plafond tomber d'une alvéole.

Mon rôle de patiente modèle me permet d'obtenir un changement de mon hospitalisation sous contrainte en hospitalisation "libre", j'arrive aussi à négocier plus facilement des sorties.

mes parents étant mon seul soutien potentiel à l'heure actuelle, je me réconcilie avec elleux, allant jusqu'à oublier pendant des mois leurs responsabilités dans ma situation (ça va revenir des mois plus tard comme des flash).

Je suis transférée dans l’hôpital de ma ville natale, plus proche de la où vivent mes parents. comme ils refusent toujours que je revienne vivre chez eux, même pendant un temps, ma seule option est les appartements collectifs de la ville Je veux réellement être admise là bas, ce qu fait que je sabote délibérément un entretien pour une autre structure, beaucoup moins autonomisante en donnant réellement mon avis sur la psychiatrie et mes abus précédents. je ne suis donc pas admise parce que pas manque de motivation.

A l'HP, mon psychiatre est un type condescendant et paternaliste. en me rencontrant la première fois, il dit ceci "Booooon, vous allez mieux. Plus envie de tuer des gens ?".
Je vais continuer à le voir même après ma sortie de l'HP jusqu'à ce que je quitte et les appartements et l’hôpital de jour.et je sens régulièrement que ce sale con me teste pour son petit plaisir (par exemple, il me demande en fin d'entretien, sorti de nulle part "et votre père, ça l'angoisse pas trop, la graisse , je suis pas sûre de dont il parle donc je demande si il parle bien du pays et il a l'air satisfait).

Comme les places en appartements collectifs sont longues à avoir, je passe 7 mois à l'HP validant la deuxième partie de mon bac professionnelle en étant là bas.

c'est uniquement quand j'ai été en appartement que j'ai commencé à plus croire la version comem quoi, c'st juste moi qui avait pété les plombs à bordeaux et qu'on m'avais aidée. mais c'était trop tard, parce que j'avais accepté la curatelle renforcée sous base de cette croyance.

Là, j'ai réussi à sortir des appartements collectifs, de l'HDJ, et ma mesure de curatelle prends bientôt fin mais ça pèse encore sur moi, j'en fais encore des cauchemars.

mardi 10 mai 2016

Résidence thérapeutique ou HP light ?




TW VIOLENCE INSTITUTIONNELLE (et agression physique, vers la fin)


J’ai déjà écrit un article sur un « incident » m’étant arrivé dans la Résidence Thérapeutique où j’ai passé plus de deux ans après les quatre ans dans la clinique soins-études. http://yahirmblue.tumblr.com/post/125112592749/tw-violence-institutionnelle-%C3%A7a-te-servira-de
J’ai été et suis encore très en colère de la façon dont ce type de structure envisage le soin. Sur un forum, on m’a dit que ces structures étaient nécessaires, même si pas parfaites...

Je suis d’accord qu’une alternative à l’HP est nécessaire mais doit-elle être aussi proche du matériau d’origine ? Comment peuvent-elles être des alternatives efficaces, quand seules les modalités sont différentes ?
Les psychiatres sont les mêmes, les soignant-e-s sont les mêmes, la hiérarchie est la même, la façon dont sont considéré-e-s les patient-e-s est la même…

Est-ce que ces structures représentent réellement une alternative ? Ou bien juste une représentation du même système dans une version édulcorée ?

À la fin de mon séjour à la clinique, on a cherché une autre structure de soin pour prendre le relai pendant que je passais mon bac pro communication visuelle. On estimait que j’avais toujours besoin d’une structure pour m’accompagner et j’ai accepté... comme j’ai accepté à peu près tout ce qu’on a décidé pour moi jusque là…
On avait décidé que les appartements thérapeutiques étaient les plus adaptés : j’étais, après tout passée par le service du relai, dans la clinique, celui où j’ai pu enfin, après 4 ans, avoir la possibilité de faire mes courses et la bouffe moi-même… (vous sentez le sarcasme, là ?).

 Il y avait sur cette ville 2 structures disposant d’appart thérapeutiques, la première exigeait que l’on passe par le foyer avant...
j’ai fait une semaine d’essai dans celle-ci pour voir que la fenêtre de ma chambre était munie de barreaux... Je pense que l’état dans lequel ça m’a mise a pas mal joué dans le fait que je ne veuille pas aller dans cette structure...
Le psychiatre dirigeant l’autre structure, M. Mondy, m’a assuré que ça n’était pas nécessaire de passer par le foyer et passer directement dans les apparts thérapeutiques et ça m’a rassurée.

J’ai donc choisi cette structure là et je suis rentrée dans la résidence thérapeutique Mathieu Noir en août 2011.
La résidence était une des 4 structures qui faisaient partie de l'institution Montehaut, il y avait un CATTP (Centre d'accueil thérapeutique à temps partiel), un foyer, un centre et la résidence thérapeutique (également quelques apparts solos pour préparer la transition à la sortie).
L'équipe médicale était composée de 9 soignant-e-s, majoritairement des infirmier-e-s et quelques éducateurices et le psychiatre, qui dépendait lui-même de la direction de l’institution. Il y avait également M. Otis, le cadre (qui venait rarement) et 10 appartements, meublés et équipés pouvant accueillir chacun 1 patient »e à la fois.

On m’avait présenté la résidence comme une transition entre la clinique et la vie normale, et donc un moyen d’acquérir plus d’autonomie. Il y avait pourtant pas mal de contradictions...
J’ai personnellement du mal à comprendre comment on peut s’autonomiser avec le cadre rigide qu’imposait la résidence.

Si on parle simplement d’autonomie financière... la résidence nous fournissait chaque semaine l’argent des courses, 60 euros, la première moitié le mardi, la 2eme moitié le vendredi, sachant que les absences hors de la résidence étaient décomptées du total... (en gros, c’est le type de méthode qui vous incite à sécher les cours pour éviter d’aller à la cantine et avoir un plus gros budget courses, personnellement, j’avais été forcée de négocier pour recevoir mon argent en une seule fois, tellement la première partie du budget était ridicule à cause de la cantine).
Les tickets de caisse étaient vérifiés pour être sûr qu’on n'avait pas dépensé l’argent pour l’alimentation à autre chose... Pas de possibilités d’acheter des produits ménagers avec cet argent, c’était sur un autre budget...
La résidence fournissait l’argent pour payer les rendez-vous médicaux. On ne pouvait pas utiliser nos cartes vitales et étions forcé-e-s de ramener des feuilles de soin à chaque fois.

 Une fois, j’avais une petite grippe, j’avais prévu d’aller au marché et d’aller voir le médecin proche de la résidence sur le chemin du retour. J’avais demandé l’argent à une infirmière pour ne pas être obligée de revenir le chercher à la résidence.
 Comme j’allais au marché et que malade, elle estimait que je n’avais pas à y aller, elle a refusé de me donner l’argent… j’ai failli arriver en retard au rendez-vous parce que j’ai dû revenir chercher l’argent… (au passage, quand je suis revenue la voir après le rendez-vous pour lui dire, en colère, que c’était de l’ingérence et que ce qu’elle avait fait était inadmissible, elle m’a simplement dit « tu as le droit de le ressentir comme ça.. » D’où c’est juste un ressenti ?).

 L’organisation de mon emploi du temps et la gestion des imprévus était complètement dépendante du fonctionnement de la résidence. Un couvre-feu était mis en place à 23 heures. Passée cette heure, on était censé-e-s rester dans nos apparts.
Pas le droit d’aller dans les parties communes ou de rendre visite à nos voisin-e-s résident-e-s (ça arrivait qu’on le fasse quand même mais on évitait de se faire choper). La porte était également fermée à clefs passée cette heure-ci (pour notre « sécurité », paraît-il..
je suppose qu’un code à l’entrée, ce n’était pas suffisant et que nous donner des clefs pour ouvrir la résidence afin de pas prendre le risque de se retrouver coincé-e-s dehors, c’était trop dangereux…).
Si on prévenait qu’on souhaitait rentrer plus tard, on pouvait obtenir un délai mais ça dépendait complètement du soignant à qui on s’adressait, certain-e-s étant plus compréhensif-ve-s que d’autres, et ça restait toujours un délai, c’était absolument impossible de dormir à l’extérieur de la résidence sans avoir fait une demande de permission de sortie antérieurement dans la semaine (la pire infirmière de la structure, qu’on surnommera ici, Ms Ratchet en référence à Vol au-dessus d’un nid de coucou m’a refusé l’autorisation de rentrer à minuit parce que je l’avais appelée à 22h30, comme s’il était absolument inenvisageable d’avoir un imprévu, par exemple croiser des ami-e-s et passer un moment sympa avec… Elle en a profité pour rajouter que c’était moi qui faisais en sorte qu’on m’infantilise.)

Le psychiatre voulait nous voir toutes les semaines (sans que j’en comprenne réellement l’intérêt puisqu’il disait lui-même ne pas faire de thérapie, peut être qu’il voulait nous voir juste parce que ça faisait partie du protocole…) et il y avait le choix entre se déplacer au CATTP après les cours le mardi et l’attendre le vendredi après midi à la résidence.. Choisir entre venir crevée après une journée de travail ou bien attendre des plombes qu’il soit disponible en espérant que les infirmiers pensent à faire sonner le téléphone pour vous prévenir qu’il est disponible (sachant que si ils vous préviennent pas, c’est votre faute si vous êtes pas dans le bureau de suite, quand bien même le psy a l’habitude d’avoir ¾ d’heures de retard et qu’on sait jamais quand il sera disponible).
Il m’est également arrivé d’avoir un rendez vous imposé le mardi soir après les cours juste après une reprise de cours alors que j’avais été arrêtée. J’ai refusé de venir et dit aux soignants que si le psy voulait me voir, il attendrait le vendredi, que j’allais pas le soir après le travail alors que je sortais d’un arrêt maladie (z’ont pas aimé).

Quelques temps avant mon arrivée à La Résidence, l’équipe soignante avait décidé que les patients n’avaient pas assez de contacts les uns avec les autres et a été décidé la mise en place d’un groupe de paroles animée par un psychologue. Lenteur administrative oblige, quand le groupe de paroles a été mis en place,  après mon arrivée, les patients n’étaient plus les mêmes et étaient maintenant régulièrement en contact. Il était placé tous les lundi soir à 18h (après une journée de cours complète me concernant) et on était obligés d’y assister pendant 1 heure et demie au début, puis ¾ d’heures quand il a été raccourci.

Comme la Résidence était soucieuse de prendre en compte l’avis des patients dans les décisions concernant le fonctionnement de l’établissement, on avait les réunions de fonctionnement avec les patients et le cadre.
La direction considérait notre implication dans la prise de décision comme ABSOLUMENT essentielle. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on a eu seulement 2 réunions la première année où j’étais là et pas une seule l’année suivante.

La Résidence avait mis à notre disposition une wifi que les soignants coupaient à Minuit pour « éviter les addictions ».
Je me souviens avoir dit à une infirmière que ça servait pas à grand-chose par rapport aux addictions puisqu’une fois la wifi éteinte, on se connectait aux wifi publiques et que vu la difficulté à se connecter, on y passait 3 fois plus de temps, elle a simplement répondu « Au moins, on a fait quelque chose »… C’était un peu le credo général de l’équipe, en fait… Faire quelque chose, peut importe que ce soit inutile ou nocif, il faut faire…
j’en profite un peu pour ajouter que les mesures étaient toujours prises par prévention et sans cas par cas, ce qui fait, que les règles étaient souvent mises en place pour contrer un problème qui n’existait pas.. ou qui s’il existait aurait pu être discuté avec les patients (mais, hé, on était QUE des patients.. on pouvait pas avoir d’avis pertinent…).

En terme d’organisation, il y avait constamment 2 soignants le matin, 2 soignants l’après midi et un’e le soir. C’était souvent 1 infirmier’e et 1 éducateur’ice dans la journée, mais comme le soir, y avait qu’une seule personne, ça m’est arrivée de me retrouver avec juste un’e éducateur le soir alors que j’avais une crise d’angoisse et qui n’avait pas le droit de me donner de médocs…

Pendant les transmissions (le moment où les soignants présents le soir transmettent les infos de quand ils étaient de garde aux soignants du matin et les soignants du matin à ceux de l’après midi, etc…), c’était à peu près comme dans toutes les structures où j’ai été, on n’avais pas le droit de déranger les soignants.. Qu’ils soient en train de jouer aux solitaire sur l’ordi, de boire un café ou de se transmettre les infos, si t’avais une crise d’angoisses pendant leurs transmissions, t’avais qu’à attendre !


Il existe une pratique médicale courante, dans les structures de soin, et qui a tendance a pervertir le principe de secret médical, le secret médical partagé.
Chaque semaine, l’équipe soignante, composée des éducateurices, des infirmièr’es et du médecin psychiatre se réunissait pour discuter tour à tour du cas de chaque patient’e à partir des comptes rendus rédigés dans la semaine.
le problème généré par ce type de pratiques, c’est que ça rends difficile de garder la moindre information pour soi. On est en psychiatrie, et ici, tout est considéré relever du soin : vos préoccupations, vos attitudes, votre état d’esprit, vos idées politiques…
Si vous entretenez un contentieux avec un membre de l’équipe soignante (mettons.. le psychiatre et Ms Ratchet, au hasard..) et que un peu naïve (ou naif, ou naiv’e après, tout, ça peut être un homme ou une autre personne NB, rien à ,voir avec moi.) vous faites l’erreur de confier le problème à un’e autre membre de l’équipe soignante, vous avez de bonnes chances que ça ressorte en réunion, là où votre abuseur’euse pourra l’entendre et décider d’accroitre la pression sur vous…

J’ai dû déblatérer sur le psy ou sur cette infirmière devant une éducatrice et après la discussion, je lui dis : « ce que je viens de te dire, ça reste entre nous, hein ? » et elle de répondre « Si tu voulais que ça reste entre nous, fallait pas m’en parler. ».

A noter que selon les soignants, les rapports n’étaient pas nécessairement honnêtes sur les événements. Ms Ratchet prenaient visiblement un malin plaisir à déformer tout ce qu’elle pouvait dans les rapports qu’elle écrivait. J’avais une amie qui sortait assez souvent en ville voir des gens, ou bien qui allait dans l’école maternelle où elle travaillait. Dans le rapport de Ms Ratchet, elle fuyait la Résidence et le soin.
Mon amie a essayé de s’en plaindre au psychiatre lors d’un entretien, qui a répondu en haussant les épaules, l’air de dire « Je sais mais qu’est ce que vous voulez que j’y fasse ? ».

D’ailleurs, l’absence de sanctions face aux comportements abusifs de l’équipe, en passant par la culpabilisation des victimes et jusqu’à leur punition, c’était assez courant.
J’ai déjà parlé de la fois où j’ai sonné dans le vide et finalement passé la nuit dehors parce que l’infirmière dormait pendant sa garde et rétrospectivement, je suis même surprise que ça m’ait étonnée, sachant qu’il m’est déjà arrivée de descendre au bureau infirmier, la nuit, et de sonner plusieurs fois pour que l’infirmier qui dormait pendant son heure de garde vienne ouvrir.
Mais il y a eu d’autres cas, notamment ce patient qui travaillait en restauration et qui bien sûr dans ces conditions, pouvait difficilement être là à tous les rendez vous, au groupe de paroles, etc… Un soir qu’il rentrait après une journée de travail, Ms Ratchet (encore elle, décidément) lui saute dessus pour lui reprocher son retard et a le culot de lui dire « C’est pas le club Med, ici ! », le gars s’est énervé et a cassé une chaise, il a été viré le soir même, l’infirmière n’a pas reçu le moindre blâme… On nous a expliqué l’histoire en nous disant que l’équipe l’avait exclu parce qu’elle craignait qu’il soit dangereux pour nous. Iels nous prenaient un peu pour des bacs à douche…

Comme pour le travail en restauration de ce patient, la Résidence avait visiblement de grande difficultés à considérer qu’on avait une vie et des obligations en dehors d’elle et à prendre les mesures pour s’adapter à nous.

En baccalauréat professionnel, arrivée en première en sautant la 2de, j’avais été obligée de demander presto un aménagement d’emploi du temps parce que je voyais bien que sinon, je ne tiendrais pas, j’ai réussi à l’obtenir et ma terminale a été coupée en 2. J’étais censée valider toute la partie professionnelle la première année de terminale et valider la partie générale la 2e année. J’étais aussi en classe ULIS, une classe pour les élèves avec des difficultés…
C’est d’ailleurs uniquement grâce à ce type de classe que j’ai pu faire une demande d’AAH (allocation adulte handicapé), l’assistante sociale de l’ULIS (unité localisé pour l'inclusion scolaire) m’ayant dit que je pouvais l’avoir, alors que jamais la question n’avait évoquée à la Résidence… Étrange pour un lieu qui promeut développer l’autonomie de ses résidents de ne jamais mentionner ce qui pourrait permettre d’obtenir une autonomie financière…

Petit aparté : quand j’ai reçu l’enveloppe sous pli confidentiel avec mon dossier de demande d’AAH, je me suis copieusement fait remonter les bretelles par l’équipe soignante pour avoir « violer le secret médical » en ouvrant le pli confidentiel contenant MON dossier de demande AAH.

Venir en cours était difficile, le rythme pas évident, il m’arrivait de fréquemment m’endormir en cours. Le lycée avait invité mes référents plusieurs fois, voyant que j’avais du mal à tenir le rythme mais mon emploi du temps lié à la Résidence ne changeait jamais… J’ai même eu un infirmier me demandant si le Lycée ne pouvait pas encore alléger mon emploi du temps, alors que c’était difficile de faire plus, indiquant par là même que la structure refusait d’assumer toute responsabilité dans ma difficulté à suivre le rythme…

Il était exigé que nous fassions le ménage chaque semaine dans nos appartements, chose parfois difficiles sans meubles de rangements et avec un emploi du temps aussi fatiguant, nos apparts étaient vérifiés. Il m’est arrivée une fois de demander de l’aide, Ms Ratchet m’a acheté un meuble de rangement en me disant quand j’ai voulu lui payer le meuble que trop tard c’était à la Résidence maintenant et que j’avais qu’à l’acheter avant et devant mes difficultés à savoir comment nettoyer que j’avais été mal élevée… Évidemment, je lui ai plus jamais redemandé de m’aider…

Le credo de la Résidence, apparemment pour favoriser l’autonomie, c’était qu’on ne venait pas nous voir si on ne demandait pas d’aide… C’est chouette comme idée sauf que j’ai pu passer presque 1 semaine dans ma chambre après un mois de stage merdique sans qu’on s’inquiète de comment j’allais…

En termes de thérapie, c’était quelque peu limité…
Y avait en gros les rendez-vous hebdomadaire avec le psychiatre où en gros valait mieux parler de la pluie et du beau temps parce que si vous parliez de sujets réels, vous risquiez d’avoir ce genre de discussions :
- Moi : Le monde du travail m’angoisse.
- Lui : Oh, y a pire en Angleterre.
- Moi : Mais… c’est du nivellement par le bas, que vous faites, là…
- Lui : C’est pas du nivellement par le bas. L’Angleterre, c’est pas un pays sous-
           développé.


Ou bien :

         - Moi : J’ai l’impression que c’est pas tellement moi qui aie un problème mais le
monde qui n’est pas adapté.
- Lui : Non, non, vous êtes dans le déni. Vous êtes incapable de vous adapter. Le
            monde ne s’adaptera pas à vous.

Vu que la tenu des échanges, j’ai préféré parler rapidement de la pluie et du beau temps plutôt que de prendre le risque de m’énerver et d’avoir encore un mauvais rapport..

L’autre type de thérapie, j’en ai aussi parlé brièvement, c’était le groupe de paroles… J’ai toujours du mal à comprendre la logique de la résidence… Quand les alcooliques anonymes se réunissent, l’intérêt de ce groupe de paroles est qu’ils partage les mêmes difficultés et les travaillent ensemble.. je suis même pas sûre qu’ils soient en contact à l’extérieur…

Là, on était des gens qui se voyaient  régulièrement à la résidence, avec chacun des difficultés différentes, obligé’es de venir sans qu’il n’y ait eu de sélection sur la création d’un groupe (en gros, c’était, tous les patients viennent, point !) et dont le principal pont commun était de vivre à la Résidence (et on ne pouvait pas en parler..),  espéraient ils réellement que ça allait donner quelque chose de bon ?

On a donné sa chance au groupe quelques mois avant de commencer à sécher tellement on s’y ennuyait, la conversation la plus intéressante que j’ai pu y avoir portait sur le langage elfique, c’est intéressant, mais je doutes qu’en terme de thérapie, ça soit particulièrement efficace…

On a proposé divers solutions pour améliorer le groupe : que les soignants n’y soient plus présents (le groupe étant censé être notre espace personnel, que l’on ne soit plus forcé’e d’y aller, qu’on construise un groupe en fonction de pour qui ça pouvait être intéressant et que si ces tentatives n’aboutissaient pas qu’on  annule purement et simplement et simplement le groupe de paroles… La direction a refusé toutes nos requêtes, sauf celle d’absoudre les soignants d’y assister (je suis sûre que l’ennui procurée par l’activité n’avait ABSOLUMENT rien à voir avec ça) et on a continué à sécher de plus belles, avec pour réaction un harcèlement moral qui s’intensifiait…

Pour toutes les raisons sus citées et une attitude généralement paternaliste de l’équipe envers nous, j’ai commencé à critiquer de plus en plus ouvertement les pratiques de la clinique, Je n’hésitais même plus à me moquer ouvertement des infirmiers quand ils disaient des idioties, jusqu’au moment où aidée par le fait que l’infirmière scolaire avait trouvé judicieux de les avertir que j’avais arrêté le peu de traitement qu’il me restait, le psychiatre a pu me menacer de m’exclure de la Résidence que j’ai mon AAH  ou non (il a bien précisé ça pour me contraindre avec la menace de la précarité) si je ne reprenais pas mon traitement et ne changeait pas d’attitude, arguant que mes critiques persistantes étaient le signe que j’allais très mal…
Avec cette menace et le non soutien de mes parents, j’ai été contrainte de me plier à ses exigences. Satisfait, il a arrêté mon traitement 2 semaines après . Pour celleux qui doutaient de l’aspect coercitif de cette exigence, je pense que les faits parlent d’eux même…

J’ai tenu quelques temps, avec quand même des menaces de Ms Ratchet qui m’a dit que venir au rendez vous suffisait pas et qu’il fallait que je m’investisse. La coopération ne suffisait pas pour elle, elle attendait une conversion.

J’étais déjà à cran depuis un moment, quand l’incident est arrivé.
Ça faisait des mois qu’on critiquait le groupe de paroles, arguant que au mieux, on s’y ennuyait, au pire, ça attisait les conflits…
Et ce jour là, y a eu un conflit et un patient m’a collée sur la table pour me casser la gueule, si les autres ne l’avaient pas retenu, peut être il l’aurait fait.

Là, j’en peux plus… déjà, moralement, vivre ici, c’est l’horreur… Mais alors, si en plus je peux finir à l’hosto sans qu’il y ait aucune remise en cause des raisons qui m’y ont amenée, c’est plus possible, faut que je me casse… Après la nuit passée dehors et le fait que ça soit moi qu’on ait culpabilisée, j’avais plus trop de doutes sur le fait qu’ils ne changeraient rien et que ça pouvait se reproduire. La suite m’a donnée raison puisque leur réaction a été de rajouter de la pression pour que les patients ne ratent pas le groupe de paroles… Je suppose que pour eux, c’était parce qu’on n’était pas assez investi’es dans la thérapie extraordinaire que nous proposaient le groupe de paroles,  pas parce que le dispositif  créait ce genre de situations conflictuelles…

je remplis un sac, j’appelle un copain pour qu’il m’héberge, je suis furieuse et je ne veux plus discuter avec aucun soignant. La rupture est trop franche pour que je puisse encore attendre quoi que ce soit d’eux…

Je reviens quelques jours après pour récupérer le gros de mes affaires, je récupérerais le reste au déménagement. Je bourre mon sac pendant qu’un infirmier me supplie d’aller dans la salle commune pour démêler tout ça avec mon agresseur, je ne l’écoute pas, je finis mes valises et je me prépare à sortir.

Le psychiatre tente une dernière carte en me disant que si je ne signe pas une décharge de responsabilité, il peut pas me laisser sortir et devra me faire hospitaliser.
Ça sent le bluff. Je refuse et je referme la porte derrière moi.

J’ai bien fait. Sans décharge de responsabilité, ils sont forcés légalement de garder mes affaires dans mon appart pendant un mois, ce qui me laisse un peu de temps pour trouver une solution.
Ma motivation initiale pour le refus, c’est que j’avais l’intention de leur coller un procès, et avec une décharge de responsabilité, ça ne serait pas envisageable.


Je garde de mon séjour à la Résidence, l’impression d’un immense gâchis…
L’impression d’avoir été jouée aussi, tellement ce type d’établissement ne correspond pas à l’image qu’il présente.
On nous présente les structures ouvertes comme un sas entre les structures plus fermées comme les HP ou les cliniques et le monde normal, mais leur fonctionnement même et le mépris affiché de l’institution pour ses patients interdit complètement l’idée même qu’elle puisse jouer ce rôle…

Ce type d’établissement n’a qu’une utilité consciente ou inconsciente : celle d’améliorer l’image du soin.
Mais ça n’est qu’une façade, derrière, on y retrouve les mêmes fonctionnements, le même mépris…

C’est toujours nécessaire d’avoir d’autres structures que les HP ou les cliniques…

Mais ça serait intéressant de repenser complètement le fonctionnement de ces institutions, prendre réellement les patients en compte, si on veut espérer en obtenir du bon…

On ne peut pas attendre d’un arbre malade qu’il donne autre chose que des fruits pourris.


*les noms ont été changés

lundi 12 janvier 2015

C'est pas un jeu, c'est un crime

TW  VIOL


J'ai un peu hésité avant d'écrire ce texte. J'avais déjà lu plusieurs témoignages de viol, souvent très violent, souvent très violents  et je ne me sentais pas assez légitime. J'avais l'impression que mon expérience était négligeable en comparaison. J'avais aussi peur d'avoir également à subir les assauts habituels que doivent supporter les victimes de viol. J'ai pas réellement à me séparer de ces craintes, mais j'ai besoin  d'en parler.
Ça n'a pas été la première fois, mais c'est la seule que je réussi à resituer précisément dans le temps et auquel j'arrive à associer un visage à mon agresseuse.

Pour commencer, je suis obligé de remettre quelques points de contexte : j'ai pas mal de difficultés psychologiques depuis très longtemps, du coup à la période où c'est arrivé, Du coup, lorsque c'est arrivé, j'étais hospitalisée dans une clinique soins-études depuis 3 ans (structure semi ouverte). Un milieu protégé, donc. Ça n'a pas empêché ce qui s'est passé.

Ma scolarité avait été très difficile à l’extérieur et j'avais besoin d'un endroit qui me permettrait d'évoluer à l'abri. Ça a marché un temps. J'ai avancé, je suis devenu plus sociable, je faisais plus attention aux autres...
Cette fille est arrivée lors de ma 3ème année dans le centre. Elle avait une certaine influence sur les autres. Au début, je n'avais pas réellement d'animosité envers elle, mais au bout d'un moment, elle a commencé à me prendre pour cible.
Elle prenait un malin plaisir à me harceler, à m'humilier constamment, entraînant les autres avec elle. Je me souviens avoir eu peur de sortir de l'aile où j'habitais de crainte de la rencontrer.
Et puis un jour, avec quelques autres patients, on était assis dehors et elle m'a mis un doigt dans le cul pour "rigoler". Ça n'a l'air de rien dit comme ça mais si on prend la peine de se renseigner sur les violences sexuelles, on comprend que c'est un acte très grave.

J'ai pas réalisé de suite la violence de ce que j'avais subi. Mon séjour s'est terminé difficilement j'ai changé de ville.
Vers cette période, j'ai commencé à venir régulièrement sur twitter et que j'ai commencé mon initiation au féminisme. Lors d'une conversation,  j'ai vu passer la définition du viol dans la législation française « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte, menace ou surprise, est un viol. » (Article 222.23 du Code pénal) _je précise que je ne suis pas d'accord avec la définition qu'en fait le système pénal de mon pays que je trouve trop restrictive, selon moi, elle devrait également inclure toutes les formes d'attouchements non consentis_ en lisant ça, j'ai repensé à mon expérience et j'ai posé des questions pour confirmer ce que je craignais : oui, c'était bien un viol.
Le truc, c'est qu'en comprenant enfin que mettre le doigt dans le cul de quelqu'un sans son consentement, c'est déjà un viol, j'ai également réalisé que ce n'était pas non plus la première fois que ça m'était arrivé, j'avais déjà connu ça au collège. Quand j'y étais (et je ne pense que c'est encore le cas), c'était un «jeu» qui se pratiquait fréquemment. Entre garçons, en tout cas.

Je sais que beaucoup ont du mal à voir ça pour ce que c'est, qu'on pense que c'est juste un jeu inoffensif, mais c'est pourtant d'une violence inouïe. C'est s'attaquer à ce qu'il y a de plus intime chez un individu.

C'est triste à dire mais même dans mon entourage, j'ai du mal à me faire entendre sur ce sujet. Un.e proche, qui reconnaît néanmoins pour ce que c'est ce que j'ai vécu (c'est déjà ça), m'a raconté.e en rigolant récemment les «jeux» de ses amis qui ressemblait furieusement à ceux que, moi, j'avais pu subir. Parce que là, c'était entre potes, ça devenait amusant alors que dans les faits, c'était
Quand j'ai dit ce que j'en pensais, j'ai eu droit au classique, mais néanmoins toujours aussi affligeant, «Pff, t'as pas d'humour. T'es psycho-rigide.».
Autant dire que sa réponse, je ne l'ai toujours pas digéré.

Je ne porterais pas plainte contre la fille qui m'a violée. J'ai suffisamment eu d'échos sur les réactions des flics quand on se confie à eux sur ce genre de sujet pour m'en dissuader. Quand on est victime de ça, qu'importe le genre, on est victimes de moqueries et de culpabilisations, et même si l'on n'est pas à l'abri d'une bonne surprise, je préfère ne pas prendre le risque.

En tant qu'homme (enfin, il parait, j'en suis moi même plus tout à fait sûr), le patriarcat attend de moi que je sois fort, à ce que je ne puisse pas faire preuve de faiblesse. J'ai le droit d'être un agresseur, mais pas une victime, sinon je fais honte à mon genre.

J'aimerais qu'un jour, il soit plus facile d'être victime qu'agresseur.


EDIT : après un an, je suis effectivement pas un homme, fait coming out trans, mais ça change pas vraiment le contexte de ce qui s'est passé, vu que je me présentais pas comme une personne trans à cette période là

samedi 12 octobre 2013

Se définir dans une société heteronormative...

Depuis quelques temps que je suis sur twitter, j'ai pu assister et participer à beaucoup de discussions intéressantes dans mon fil d'actualité. L'explication et la remise en cause des oppressions est ce qui lie la majorité de ces conversations. Avec le "débat" sur le mariage pour tous et les défilés écœurants des fachos et des plus réacs de ce pays, qui s'accrochent encore à un modèle sociétal dépassé et injuste, et les tentatives de rapprochements plus ou moins subtiles avec ces salopards de nos chers politiques (dans le meilleur des cas, ces rapprochements se contentaient de légitimer l'homophobie en sous entendant qu'on pouvait être en désaccord mais que refuser de partager ses propres droits avec des minorités oppressées restait une opinion acceptable), le débat qui est revenu le plus souvent sur le tapis, c'était la question du genre (vous savez ce champ d'étude des sciences humaines que les imbéciles appellent, à tort, une théorie).

Progressivement, j'en suis venu à me demander si mon orientation sexuelle était réellement la mienne, si c'était vraiment ce qui me convenait le mieux ou bien si j'avais mis des barrières à mon champ de possibilités relationnelles par peur de m'assumer.

En revenant sur mes expériences passées et en tentant de les analyser, il est apparu évident que je n'était ni complètement hétérosexuel, ni complètement homosexuel non plus.
Y a à peu près un mois, j'avais statué que j'étais hétérosexuel biromantique (attiré sexuellement par les femmes mais attiré émotionnellement par les deux).
L'ennui, c'est que si, à ce moment là, ça se rapprochait le plus de ce que j'étais, ça correspondait pas non plus à 100%, c'était arrivé assez rarement, mais j'avais déjà été attiré physiquement par des hommes.

Aujourd'hui, je peux enfin dire que je suis bi ascendant hétérosexuel (j'aime bien dire ascendant, ça fait un peu horoscope, c'est rigolo).
Pourquoi ascendant hétérosexuel ?
Et bien, je pense que ça viens en grande partie de mon éducation infantile.

Quand j'étais môme, mes parents sans être des "vrais" homophobes avaient quand même des à priori défavorables. En gros, chez les autres, ils s'en moquaient, ça ne les concernaient pas, mais chez leurs enfants, ils aurais été moins à l'aise.
Moins à l'aise, ça veut pas dire qu'ils m'auraient reniés, juste qu'ils auraient mis un peu de temps à se faire à l'idée.
Après ma famille, y a l'éducation scolaire. L'éducation scolaire, c'est pas seulement en cours, avec les profs, c'est aussi à la récréation, au moment où les enfants font connaissance et peuvent partager des moments de détente.
 Et donc, de la maternelle jusqu'à la fin du collège, les autres garçons, pour moi, c'était des sales cons.
 Ils étaient toujours dans la compétition, le pouvoir, ils se battaient, méprisaient les faibles (ceux qui savaient pas se battre) et m'humiliaient très souvent...
 Je dis pas que les relations entre filles, c'est génial, non plus.
 Mais mêmes si quelques filles étaient également des connasses, c'est beaucoup plus parmi elles qu'on a été sympa avec moi, et qu'on a fait preuve de compassion et de gentillesse (les fameuse qualités dites "féminines").

Les comportements dits "masculins" et "féminins", ce n'est pas vraiment une question de sexe, mais d'éducation.  Les personnes nées avec un vagin (ça ne veut pas dire que ce sont obligatoirement des femmes) et les personnes nées avec un pénis (ça ne veut pas dire que ce sont obligatoirement des hommes) ne sont pas éduquées pareil. On appelle ça l'éducation genrée.
Pour expliquer simplement, selon l'éducation genrée occidentale,  le bleu, c'est pour les garçons, le rose, pour les filles (ça commence déjà là).
Pendant très longtemps, j'ai donc préféré les filles aux garçons.

D'ailleurs, heureusement que je n'avais pas découvert mon attirance potentielle envers les mecs, à l'époque., parce que j'aurais sacrément morflé.
Je me souviens d'un cours de piscine, où j'avais pas fait attention et où je m'étais déculotté devant les autres garçons. Je veux dire, dans ma tête, c'était normal, on m'avait appris que tous les garçons sont pareils, à des rares exceptions, donc si on étaient pareil, pas besoin d'intimité.
 Donc, je me déculotte, et là quelqu'un sort : "Hé ! Il a la gaule !! "
Je me souviens plus très bien mais je ne crois pas avoir été en érection à ce moment là. En plus, enlever son slip et mettre son slip de bain à la place, c'est pas une action très longue, le garçon a pu mal voir ou inventer.
Il n'empêche que tous les garçons du vestiaire, même ceux qui n'avaient pas pu avoir le temps de voir se sont moqué de moi et j'ai eu des surnoms sympas pendant plusieurs mois. Ça a été un calvaire.

J'avais eu beau expliquer tout ça, rien n'y faisait. Une seule personne dit quelque chose sur vous, les autres ne vérifient même pas, relaient la rumeur et voilà votre réputation laminée.
Un type de ma classe a même eu le culot de me demander si j'étais homosexuel, en s'empressant de rajouter quand je répondais non "c'est pas grave si tu l'es".

À peu près 8 ans ont passé depuis cette histoire et je voudrais faire une lettre ouverte à ce type qui servirait aussi pour tous les imbéciles qui me poseraient la question :
 "Effectivement, si je suis homosexuel, ça n'est pas grave. C'est même tellement pas grave que te répondre n'aurait pas d'intérêt autre que de satisfaire ta curiosité déplacée. Si je suis attiré par des hommes, c'est à dire pas forcément homosexuel, puisque il y a plusieurs alternatives à hétérosexualité normative (homosexuel, bisexuel, asexuel, demi-sexuel, biromantique...), ça ne regarde que moi.
J'ajoute que je vous trouve particulièrement prétentieux de pouvoir penser ne serait ce qu'une seconde que je sois forcément attiré par des trous du cul comme vous."

Récemment, à force de prises de consciences, j'ai également remarqué que je n'avais pas les mêmes attitudes avec les femmes et les hommes qui m'intéressaient.
 Avec, les femmes, je me sens plus safe, et j'accepte donc de laisser aller, de ne pas avoir le pouvoir  dans la séduction et la relation (sauf si c'est pas consenti, faut pas déconner).
Avec les hommes, c'est complètement différent. J'ai besoin d'avoir du pouvoir.

Les féministes parlent souvent de culture du viol inhérente à la virilité dans sa conception actuelle. Le fait est qu'elles ont raison : les hommes sont habitués, de part leur éducation, à avoir ce qu'ils veulent, sans être obligé de donner de contrepartie ;  les femmes, à l'inverse sont plutôt habitué à céder, en n'ayant rien le droit d'espérer en échange.

Le problème, c'est que avant d'être attiré par des hommes, les hommes sont avant tout des hommes et ont donc reçu une éducation patriarcale, viriliste et qui ne prends pas en compte l'avis de l'autre.

Si les femmes, quelle que soit leur orientation sexuelle, subissent cette violence toute leur vie (sauf avec des gens et dans des endroits vraiment safe), il peut également être dangereux pour un homme qui ne sait pas s'imposer de fréquenter des homosexuels plus sûrs d'eux et qui ne tiennent pas compte du consentement.

Personnellement, même si je peux être attiré par des hommes, il est probable que je préférerais, la plupart du temps,  fréquenter des femmes, parce que c'est globalement plus sécurisant et aussi parce que c'est  malheureusement toujours mieux accepté socialement.

Mort au  patriarcat !!


Pour aller plus loin sur le genre, l'heteronormativité et la culture du viol (vous êtes beaucoup, pardonnez moi, si je vous ai oublié) :

Denis Colombi : http://uneheuredepeine.blogspot.fr/2013/06/jenseigne-le-genre-et-je-continuerais.html

Salomée : http://melange-instable.blogspot.fr/2013/06/ne-venez-plus-jamais-me-dire-que-la.html

Koala (pour l'ensemble de son oeuvre) : http://misskoala.canalblog.com/

tanxxx : http://soupe-a-l-herbe.blogspot.fr/2013/02/quelques-exemples.html
             http://soupe-a-l-herbe.blogspot.fr/2013/02/je-suis-pas-feministe-mais.html

le blog Genre : http://cafaitgenre.org/

Silver : http://silverblogbd.blogspot.fr/2013/01/le-mariage-pour-tous.html

Julie Maroh : http://www.projet17mai.com/2012/05/julie-maroh.html


jeudi 4 avril 2013

De la négation de l'oppression et des privilèges



Avant de commencer, il est important de savoir d'où je parle :

Je suis un homme, blanc, hétéro, cis-genre et physiquement valide, j'ai un toit et mes parents peuvent encore me soutenir financièrement.
Cette situation me confère un statut de privilégié par rapport à n'importe quelle personne qui ne bénéficie pas de tous ces avantages.
Ceci étant, mon statut de privilégié ne m'empêche pas de subir l'oppression de la part d'autres groupes sociaux qui bénéficient de privilèges dont je ne dispose pas (richesse, pouvoir décisionnel, culture, études...).  Il est donc important de savoir que je parle en mon nom et que je ne peux absolument pas me permettre de nier une oppression que je ne subis pas de par mon statut de privilégié.

Quand j'étais au collège, un camarade de classe m'a dit : "Tes parents sont profs, non ? Donc ils sont riches !".
J'avais trouvé l'affirmation ridicule, et j'avais jugé le garçon avec tout le mépris que méritait son commentaire (du moins, c'est ce que je pensais à l'époque). Pourtant, maintenant, en réfléchissant un peu, je suis obligé de reconnaitre qu'il avait raison : mes parents, par rapport aux siens, étaient RICHES. Je bénéficiais de privilèges et j'avais donc plus de chances que lui de m'en sortir.

Sur le féminisme, (puisque le sujet fait du bruit sur la toile, en ce moment suite à l'article de Mar Lard sur le sexisme geek), il y a peu de temps, je pensais à peu près comme tout le monde, à savoir :
"Le combat pour l'égalité, c'est bien, mais c'est pas la peine d'agresser et de voir le sexisme partout."
(dixit un mec qui ne bougeait pas de son fauteuil).
Pour les gens qui pensent ça, essayez juste de remplacer le mot sexisme par un autre qui vous touche plus, par exemple si vous êtes immigré, descendant d'immigré ou juste pas blanc, voilà ce que ça peut donner :
"Le combat pour l'égalité, c'est bien, mais c'est pas la peine d'agresser et de voir du racisme partout".
Vous saisissez le problème, là ? Les gens qui ne subissent pas le quart de ce que vous subissez vous disent que vous avez tort d'y voir une injustice. La plupart du temps, ces gens sont de bonne foi, ils croient ce qu'ils disent, ça peut être votre famille, vos amis, vos profs, etc..
La différence avec vous, c'est que ces gens ne sont pas à votre place, sont donc ignorants à ce sujet et qu'ils n'écoutent pas votre avis.

Je suis moi même dans le domaine de la psychiatrie, mais je ne fais pas d'études dans ce secteur et je ne bosse pas non plus dedans. Non. Je suis Le Patient, celui qui n'a pas droit à la parole.


Pourquoi ? Parce que je suis le dernier barreau de l'échelle décisionnelle, il n'y a personne en dessous de moi.
D'ailleurs, petit aparté, j'ai réussi à éviter l’hôpital psychiatrique, et au début, mes amis qui me parlaient de l'HP, je ne les croyais pas. Ils étaient trop impliqués émotionnellement dans leur histoire pour être objectif. Mais devant la multiplicité des témoignages, j'ai dû me rendre à l'évidence :
L'HP ne soigne pas (j'y reviendrais peut être dans un article complet sur la psychiatrie).

Je disais donc que je n'ai pas de pouvoir décisionnel, je ne peux donner d'ordre à personne et certainement pas obliger mes supérieurs hiérarchiques à m'obéir (oui, en tant que patients, vous n'êtes pas les subordonnés des infirmiers/éducateurs, mais eux sont vos supérieurs).


Un infirmier m'a dit récemment que eux étaient mes serviteurs. j'aurais pu rire devant l'énormité proférée avec l'aplomb du type qui pense détenir la vérité, mais son utilisation plus que fréquente m'a découragé.
On n'est d'accord que la servitude, ça implique l'obéissance, non ?
Eh bien, les infirmiers/éducateurs (je cite les infirmiers et éducateurs, mais ça s'applique à toute autorité) ne m'obéissent pas. Je dois leur obéir et si je dis non, ils peuvent me sanctionner.
On pourrait me rétorquer que s'il fait une faute, je peux le sanctionner en le dénonçant à son supérieur hiérarchique. C'est vrai mais encore une fois, ça ne dépends pas de moi mais de la bonne volonté et de l'écoute du supérieur, parce que je n'ai pas de pouvoir décisionnel, je suis obligé de passer par un autre pour que mes droits soient respectés.

Il est toujours possible de nier une oppression. il y a deux méthodes à ma connaissance :

- dire que le dominé n'est pas objectif et ne comprends pas tout (pour résumer, le dominé est con, il a besoin qu'on lui explique).
- faire passer le dominé pour un dominant et le dominant pour un dominé. Pour l'exemple, on peut affirmer que les féministes agressent les hommes (en oubliant que leur indignation est légitime) en questionnant leurs privilèges et que de toute façon, on les entend trop. Mais, chers "amis" masculinistes, on ne vous entend pas vous ?

Ça me fait tout de même assez rigoler quand Soral prétend qu'on l'empêche de s'exprimer.
Et pourtant, ce type a un éditeur, il est lu, ses vidéos sur le net sont beaucoup regardées. Allez voir juste une vidéo youtube réellement féministe comme un interview de Virginie Despentes par exemple, il y a beaucoup moins de vue. Si vous comparez les commentaires des vidéos féministes avec beaucoup de vue comme celles d'Anita Sarkeesian, les commentaires sont rarement élogieux, il y a beaucoup d'insultes (elles s'est tellement fait insulter qu'elle a fermé les commentaires mais les connards continuent à la parodier de manières vulgaire et stupide).
Soral, au contraire bénéficie d'un soutien inconditionnel, quoi qu'il dise, et chaque critique construite et intelligente se verra rabaissée et silenciée. Pourtant, si on compare le discours d'Eric Zemmour et d'Alain Soral sur la femme et l'immigration, on repère les mêmes arguments fallacieux (féminisation de la société, islamisation..).




L'argument du politiquement correct est une excellente excuse pour s'empêcher de réfléchir.
On voit souvent des gens dire :"Moi, je suis honnête, je dis ce que je pense".
Je suis, à titre personnel, très inquiet d'une société qui privilégie les opinions à la réalité.

Récemment, pour couper court à une discussion où je remettais des idées en cause, on m'a dit qu'il y avait plusieurs vérités (et qu'elles se valaient toutes).
J'ai vraiment besoin d'expliquer à quel point cette affirmation est stupide ? Oui ? Bon, d'accord.
En gros, ça reviens à dire que la Réalité est subjective, que selon l'endroit où on se place, elle est différente.
Eh bien, non, c'est faux. La réalité n'est pas subjective. La vision qu'on en a l'est, mais la réalité est ce qu'elle est.
Elle est ce qu'elle est parce que nous vivons dans un monde de causes et de conséquences.
Si je crois que je sais voler avec mes bras et que je me jette du toit pour voler, bah je vais m'écraser, aussi fort qu'est ma croyance dans mes capacités de voler, ma foi ne suffit pas à plier l'univers à ma volonté.
Vous me direz qu'il faut être stupide pour essayer de voler sans engin volant;
Oui, c'est stupide, mais si je crois que je peux voler c'est parce que je ne sais pas que je ne peux pas.
Et bien pour les oppressions, c'est pareil, si vous ne savez pas que quand on oppresse quelqu'un on lui fait du mal, vous êtes ignorant. Et c'est pas une tare, moi même, il y a beaucoup de choses que je ne sais pas.
Ce qui est une tare, par contre c'est de croire qu'on sait tout, de ne pas être curieux et de ne pas être à l'écoute des gens qui sont curieux et qui ont cherché à comprendre.
Quand je dis à des gens (que j'aime souvent, parce que sinon, je ne me casserais pas le cul à essayer de leur faire comprendre) qu'ils ne réfléchissent pas, on me dit que je méprise les gens ignorants.
Non, c'est faux, ça serait dégueulasse parce que l'ignorance n'est pas de notre fait. L’absence de curiosité, par contre, oui, j'ai beaucoup de mal, parce que c'est de la paresse intellectuelle. Qu'on n'ait ni le temps, ni l'énergie pour se documenter, je le conçois très bien, mais l’absence de curiosité et d'écoute...

Le pire étant ceux qui nient l'oppression qu'eux même subissent. J'ai du mal à imaginer quelqu'un qui subit se dire que c'est normal de subir et de ne rien avoir en retour, et pourtant c'est un sentiment fréquent.
Les gens défendent ce système alors qu'il les brise.
N'y aurait-il pas un problème au niveau du dress.. hum je veux dire de l'éducation, quand malgré le fait que l’expérience contredise sa validité, l'humain est incapable de la remettre en cause ?


EDIT : Je souhaitais apporter une précision sur la curiosité. J'estimais que le manque de curiosité, c'était de la responsabilité des gens. En fait non. Ça dépends de leur statut social. La curiosité, c'est un apprentissage, ça demande du temps et de l'énergie. Et quelqu'un qui travaille beaucoup n'a pas vraiment ni le temps, ni l'énergie pour l'apprendre.


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Pour aller plus loin :

l'article de Liberté (égalité) fraternité sur le privilège masculin : http://kraackers.wordpress.com/2012/08/26/privileges/

King Kong Theory de Virginie Despentes

Silver et sa célèbre note sur l'homophobie de la manif pour tous (manif de la honte)

l'autre blog de Tanxxx

"Economie politique du Geek" de Denis Colombi agrégé de sciences sociales, professeur de sciences économiques et sociales, doctorant en sociologie sur son blog :

http://uneheuredepeine.blogspot.fr/2013/03/economie-politique-du-geek.html



Il me manque beaucoup d'exemples de livres qui font réfléchir sur la question, si vous en avez en tête, je suis partant.
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je voudrais remercier Cédric Mélac (pour la correction des fautes), Aaron Angeldust (pour la mise en page), Melange instable (son blog est super) qui m'a aidé pour le début de la correction et Koala qui a accepté de m'aider mais n'a pas pu à cause de soucis de santé (c'est juste un prétexte pour mettre un lien vers son blog)
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Ah oui, très important, vous pouvez laisser des commentaires mais le sujet étant sensible, si je vois une insulte, je vire alors pas la peine de crier à la censure, vous êtes prévenus. le débat est accepté à condition que ça reste respectueux. Et si les commentaires ne marchent pas. cliquez dans contact, y a mon adresse mail.

EDIT 2 : c'est assez marrant, rétrospectivement, de voir que je me définissais comme mec cis et hétéro alors que visiblement, c'est absolument pas le cas.