dimanche 4 juin 2017

Parler pour ne pas avoir à se taire

Il s'est passé quelque choseavec mes parents, l'autre jour. En rentrant, je n'ai pas évoqué le sujet. À personne.
J'ai dit que je voulais pas parler de ma journée. Penser et parler de choses positives.

J'espère encore quelque chose de cette famille donc je finis juste par taire ce que j'en penses. Ce que je ressens.

Parce que j'ai pas le droit de dire que 2 ans après mon coming out, c'est insupportable et pas correct que je sois encore obligée de les reprendre moi même sur mon nom, mes accords parce qu'iels font très peu l'effort de s'entraîner quand je ne suis pas là, sur le fait de pas me genrer avec mon morinom quand on parle de moi au passé.

Je n'ai pas le droit de dire que après 2 ans, «C'est difficile pour nous», ce n'est pas une excuse.
Pas dire que certains des parents de mes potes ont réussi en quelques mois alors que eux sont pas foutu'es de le faire seul'es après deux ans, parce que «chacun est différent.

Je ne peux tellement pas dire que la seule façon dont iels ont compris qu'il fallait faire des efforts, c'est parce que l'autre jour, j'ai hurlé de colère et je me suis effondrée en larmes devant eux.

Ma mère a dit texto que si c'était le prix à payer pour que je vienne à la maison de temps en temps, elle allait faire l'effort. Parce que c'est un prix à payer, apparemment.

J'ai pas souvenir d'avoir jamais pu obtenir ce dont j'avais besoin de leur part sans avoir à passer par du drama. Discuter n'est pas efficace, ça a jamais marché. Faut toujours essayer de comprendre, de me mettre à leur place, d'apprécier le peu d'efforts déjà fournis. Pas le droit de dire que c'est pas assez, ça serait injuste.

J'ai jamais rien obtenu en parlant. Toujours des cris et des larmes. Jamais par le calme de discussions. Et après chaque minuscule victoire, je sais qu'il va falloir recommencer. Cris, larmes, sinon rien.

Il est 4h du matin, j'écris ça ici parce que je viens de réaliser que si je n'en parle pas du tout, je risque de ne pas en parler les fois suivantes, ni celles d'après. Que ce que eux n'acceptent pas que je dise devant eux, je risque de ne plus le dire nulle part et à personne.