samedi 12 octobre 2013

Se définir dans une société heteronormative...

Depuis quelques temps que je suis sur twitter, j'ai pu assister et participer à beaucoup de discussions intéressantes dans mon fil d'actualité. L'explication et la remise en cause des oppressions est ce qui lie la majorité de ces conversations. Avec le "débat" sur le mariage pour tous et les défilés écœurants des fachos et des plus réacs de ce pays, qui s'accrochent encore à un modèle sociétal dépassé et injuste, et les tentatives de rapprochements plus ou moins subtiles avec ces salopards de nos chers politiques (dans le meilleur des cas, ces rapprochements se contentaient de légitimer l'homophobie en sous entendant qu'on pouvait être en désaccord mais que refuser de partager ses propres droits avec des minorités oppressées restait une opinion acceptable), le débat qui est revenu le plus souvent sur le tapis, c'était la question du genre (vous savez ce champ d'étude des sciences humaines que les imbéciles appellent, à tort, une théorie).

Progressivement, j'en suis venu à me demander si mon orientation sexuelle était réellement la mienne, si c'était vraiment ce qui me convenait le mieux ou bien si j'avais mis des barrières à mon champ de possibilités relationnelles par peur de m'assumer.

En revenant sur mes expériences passées et en tentant de les analyser, il est apparu évident que je n'était ni complètement hétérosexuel, ni complètement homosexuel non plus.
Y a à peu près un mois, j'avais statué que j'étais hétérosexuel biromantique (attiré sexuellement par les femmes mais attiré émotionnellement par les deux).
L'ennui, c'est que si, à ce moment là, ça se rapprochait le plus de ce que j'étais, ça correspondait pas non plus à 100%, c'était arrivé assez rarement, mais j'avais déjà été attiré physiquement par des hommes.

Aujourd'hui, je peux enfin dire que je suis bi ascendant hétérosexuel (j'aime bien dire ascendant, ça fait un peu horoscope, c'est rigolo).
Pourquoi ascendant hétérosexuel ?
Et bien, je pense que ça viens en grande partie de mon éducation infantile.

Quand j'étais môme, mes parents sans être des "vrais" homophobes avaient quand même des à priori défavorables. En gros, chez les autres, ils s'en moquaient, ça ne les concernaient pas, mais chez leurs enfants, ils aurais été moins à l'aise.
Moins à l'aise, ça veut pas dire qu'ils m'auraient reniés, juste qu'ils auraient mis un peu de temps à se faire à l'idée.
Après ma famille, y a l'éducation scolaire. L'éducation scolaire, c'est pas seulement en cours, avec les profs, c'est aussi à la récréation, au moment où les enfants font connaissance et peuvent partager des moments de détente.
 Et donc, de la maternelle jusqu'à la fin du collège, les autres garçons, pour moi, c'était des sales cons.
 Ils étaient toujours dans la compétition, le pouvoir, ils se battaient, méprisaient les faibles (ceux qui savaient pas se battre) et m'humiliaient très souvent...
 Je dis pas que les relations entre filles, c'est génial, non plus.
 Mais mêmes si quelques filles étaient également des connasses, c'est beaucoup plus parmi elles qu'on a été sympa avec moi, et qu'on a fait preuve de compassion et de gentillesse (les fameuse qualités dites "féminines").

Les comportements dits "masculins" et "féminins", ce n'est pas vraiment une question de sexe, mais d'éducation.  Les personnes nées avec un vagin (ça ne veut pas dire que ce sont obligatoirement des femmes) et les personnes nées avec un pénis (ça ne veut pas dire que ce sont obligatoirement des hommes) ne sont pas éduquées pareil. On appelle ça l'éducation genrée.
Pour expliquer simplement, selon l'éducation genrée occidentale,  le bleu, c'est pour les garçons, le rose, pour les filles (ça commence déjà là).
Pendant très longtemps, j'ai donc préféré les filles aux garçons.

D'ailleurs, heureusement que je n'avais pas découvert mon attirance potentielle envers les mecs, à l'époque., parce que j'aurais sacrément morflé.
Je me souviens d'un cours de piscine, où j'avais pas fait attention et où je m'étais déculotté devant les autres garçons. Je veux dire, dans ma tête, c'était normal, on m'avait appris que tous les garçons sont pareils, à des rares exceptions, donc si on étaient pareil, pas besoin d'intimité.
 Donc, je me déculotte, et là quelqu'un sort : "Hé ! Il a la gaule !! "
Je me souviens plus très bien mais je ne crois pas avoir été en érection à ce moment là. En plus, enlever son slip et mettre son slip de bain à la place, c'est pas une action très longue, le garçon a pu mal voir ou inventer.
Il n'empêche que tous les garçons du vestiaire, même ceux qui n'avaient pas pu avoir le temps de voir se sont moqué de moi et j'ai eu des surnoms sympas pendant plusieurs mois. Ça a été un calvaire.

J'avais eu beau expliquer tout ça, rien n'y faisait. Une seule personne dit quelque chose sur vous, les autres ne vérifient même pas, relaient la rumeur et voilà votre réputation laminée.
Un type de ma classe a même eu le culot de me demander si j'étais homosexuel, en s'empressant de rajouter quand je répondais non "c'est pas grave si tu l'es".

À peu près 8 ans ont passé depuis cette histoire et je voudrais faire une lettre ouverte à ce type qui servirait aussi pour tous les imbéciles qui me poseraient la question :
 "Effectivement, si je suis homosexuel, ça n'est pas grave. C'est même tellement pas grave que te répondre n'aurait pas d'intérêt autre que de satisfaire ta curiosité déplacée. Si je suis attiré par des hommes, c'est à dire pas forcément homosexuel, puisque il y a plusieurs alternatives à hétérosexualité normative (homosexuel, bisexuel, asexuel, demi-sexuel, biromantique...), ça ne regarde que moi.
J'ajoute que je vous trouve particulièrement prétentieux de pouvoir penser ne serait ce qu'une seconde que je sois forcément attiré par des trous du cul comme vous."

Récemment, à force de prises de consciences, j'ai également remarqué que je n'avais pas les mêmes attitudes avec les femmes et les hommes qui m'intéressaient.
 Avec, les femmes, je me sens plus safe, et j'accepte donc de laisser aller, de ne pas avoir le pouvoir  dans la séduction et la relation (sauf si c'est pas consenti, faut pas déconner).
Avec les hommes, c'est complètement différent. J'ai besoin d'avoir du pouvoir.

Les féministes parlent souvent de culture du viol inhérente à la virilité dans sa conception actuelle. Le fait est qu'elles ont raison : les hommes sont habitués, de part leur éducation, à avoir ce qu'ils veulent, sans être obligé de donner de contrepartie ;  les femmes, à l'inverse sont plutôt habitué à céder, en n'ayant rien le droit d'espérer en échange.

Le problème, c'est que avant d'être attiré par des hommes, les hommes sont avant tout des hommes et ont donc reçu une éducation patriarcale, viriliste et qui ne prends pas en compte l'avis de l'autre.

Si les femmes, quelle que soit leur orientation sexuelle, subissent cette violence toute leur vie (sauf avec des gens et dans des endroits vraiment safe), il peut également être dangereux pour un homme qui ne sait pas s'imposer de fréquenter des homosexuels plus sûrs d'eux et qui ne tiennent pas compte du consentement.

Personnellement, même si je peux être attiré par des hommes, il est probable que je préférerais, la plupart du temps,  fréquenter des femmes, parce que c'est globalement plus sécurisant et aussi parce que c'est  malheureusement toujours mieux accepté socialement.

Mort au  patriarcat !!


Pour aller plus loin sur le genre, l'heteronormativité et la culture du viol (vous êtes beaucoup, pardonnez moi, si je vous ai oublié) :

Denis Colombi : http://uneheuredepeine.blogspot.fr/2013/06/jenseigne-le-genre-et-je-continuerais.html

Salomée : http://melange-instable.blogspot.fr/2013/06/ne-venez-plus-jamais-me-dire-que-la.html

Koala (pour l'ensemble de son oeuvre) : http://misskoala.canalblog.com/

tanxxx : http://soupe-a-l-herbe.blogspot.fr/2013/02/quelques-exemples.html
             http://soupe-a-l-herbe.blogspot.fr/2013/02/je-suis-pas-feministe-mais.html

le blog Genre : http://cafaitgenre.org/

Silver : http://silverblogbd.blogspot.fr/2013/01/le-mariage-pour-tous.html

Julie Maroh : http://www.projet17mai.com/2012/05/julie-maroh.html